Histoires d’Austen
Par Anna Blay
Publié le 8 mars 2021
En ces temps de pandémie mondiale et de crises multiples, qui n’aimerait pas échapper à ce climat morose et pour le moins anxiogène pour un univers de douceur d’un autre temps ? Pour cela, je recommande Jane Austen.
Il suffit d’ouvrir l’un de ses livres pour se trouver propulsé·e dans le milieu de la gentry anglaise, petite noblesse sans titre, à l’ère victorienne. Si vous n’aimez pas les histoires d’amour (un peu à l’eau de rose), l’occupation ou plutôt l’inoccupation de la bourgeoisie campagnarde ou les histoires de mariages, je vous dirais tant pis, vous ratez quelque chose mais passez votre chemin, ou plutôt, non ; tentez quand même, vous pourriez être surpris·e. En revanche si vous êtes adeptes de bals, d’amour, de douceurs, de bons sentiments, le tout conté avec une ironie mordante, n’attendez plus et partez à la découverte de ses livres. Jane Austen raconte avec simplicité, humour et un regard critique, l’oisiveté de la gentry, les mœurs anglaises du XIXe siècle, les mariages arrangés, la place de l’argent et de l’héritage dans cette société.
L’année dernière, le film Emma, inspiré par le roman éponyme de Jane Austen est sorti au cinéma (quand ils étaient encore ouverts, hum hum) prouvant que même deux siècles plus tard, son œuvre est toujours appréciée par un large public, ce qui n’a pas toujours été le cas !
Si vous êtes adeptes de bals, d’amour, de douceurs, de bons sentiments, le tout conté avec une ironie mordante, n’attendez plus et partez à la découverte de ses livres
D’un lectorat restreint à une femme de lettres mondialement connue
Dans un premier temps, les livres de Jane Austen ont circulé dans l’élite anglaise du début XIXe. Les quelques critiques ne furent que pour souligner la moralité de son œuvre. En réalité ce n’est qu’à partir de la publication de A Memoir of Jane Austen en 1869 par son neveu, bien longtemps après sa mort en 1817, que ses livres commencèrent à être connus d’un plus grand public. Un vrai engouement débuta alors, à tel point que le critique littéraire Leslie Stephen parla d’« Austenolâtrie ». Paradoxalement, pour se distinguer de tou·te·s les nouveaux·elles fans, un mouvement nommé les « Janeites » clama qu’eux·elles·iels seul·es avaient réellement compris l’œuvre de Austen.
De nos jours, son travail a été adapté de multiples manières : films, séries, radios, pièces de théâtres. En réalité, il a été dénombré plus de 60 adaptions entre 1900 et 1975. Et depuis l’adaptation de Raison et Sentiment au cinéma en 1995, c’est une vraie vague de rééditions et d’adaptations qui a déferlé.
Raison et Sentiments (1811), Orgueil et Préjugés (1813), Emma (1816)
Les trois livres se ressemblent, je m’excuse d’avance pour tou·tes celleux qui ont une formation littéraire et qui ont probablement perçu toutes les nuances entre les livres, mais pour ma part je me contenterais de dire que les scénarios sont assez similaires, surtout entre Orgueil et Préjugés et Raison et sentiments. Dans ces deux livres : prenez deux sœurs, une sérieuse et douce, et une autre intelligente mais passionnée ; ajoutez-y des hommes considérés comme des partis avantageux à l’époque, l’un fier et l’autre naïf ; complétez avec un homme sans mœurs et endetté qui est lié à un des deux beaux partis par une vielle rancune ; saupoudrez le tout avec des personnages qui lieront entre eux ceux mentionnés plus haut et glacez le mélange d’une ironie qui fait mouche à chaque fois et d’un certain cynisme.
Emma, selon les divers avis qu’il est possible de lire, serait l’œuvre la plus aboutie de Jane Austen. Je dirais simplement que l’intrigue m’a paru un petit peu différente : il s’agit (je l’ai ressentie comme cela), d’une gosse pourrie gâtée qui s’ennuie à mourir dans sa demeure avec son père hypocondriaque, persuadée que l’amour c’est pour les autres et qui s’est mise en tête qu’elle avait un talent pour tenir une agence matrimoniale. Elle prend pour cobaye une jeune fille qui vit dans un pensionnat, certaine qu’elle descend d’une lignée aristocratique. Pendant tout le livre, l’autrice mène le lecteur en bateau. En tout cas, moi je me suis laissée bercée jusqu’au bout, par les différents sentiments et relations entre les protagonistes.
Je recommande, que vous soyez un·e amoureux·se de la littérature anglaise ou seulement en manque de douceur et de lecture. Petit bonus et pas des moindres en ces temps difficiles : ils sont d’accès libres sur l’Apple Store.