Échec cuisant ?
Par Amandine Ashta
Illustration : Tony Gonçalves
Publié le 8 novembre 2021
La COP26, qui se tient en ce moment même à Glasgow, doit se clore le 12 novembre. La réunion des États autour de la 26e conférence des parties, laisse entrevoir, comme à son habitude, l’espoir de voir les géants pollueurs devenir enfin des modèles de transition écologique. Mais est-ce véritablement le cas ?
La première famine climatique touche actuellement l’île de Madagascar, où l’on déplore 1,3 million de personnes souffrant de malnutrition aiguë. Les solutions proposées pour l’heure pour lutter contre la crise climatique sont décevantes. Comme bilan de ces quelques premiers jours, on retrouve notamment la signature d’un pacte de coalition pour diminuer de 30 % l’utilisation du méthane, deuxième gaz contribuant le plus au réchauffement climatique (après le CO2). Les 90 pays signataires du pacte, proposé par les États-Unis et l’Union Européenne, espèrent entreprendre ainsi une réelle avancée dans la lutte contre le réchauffement climatique, en marquant un moment décisif, en termes de conversion vers l’énergie propre.
Des accords insatisfaisants
Mais ce pacte s’accompagne de la signature d’un autre accord de coopération qui vise à la sortie de l’énergie charbon vers l’énergie verte, toujours d’ici 2030. Les pays signataires espèrent contrer la prévision du GIEC ; d’un réchauffement climatique à +3°C, alors que celui-ci exprime ses méfiances vis-à-vis de la COP26. Celle-ci aurait, en effet, davantage un objectif de réduire l’augmentation à +1.5°C/2°C ; insuffisant pour espérer faire basculer le réchauffement de la planète. Dans un autre domaine, la déforestation a aussi pris une place majeure dans les débats et accords de la Convention, notamment par l’initiative qui vise à l’enrayer d’ici 2030. Mais pour Greenpeace, association majeure de la lutte pour le climat, cet accord laisse sous-entendre la continuation de la déforestation, pendant toute une décennie, et ferait alors perdre du temps au combat contre le réchauffement climatique.
Hypocrisie verte
Bien que cette COP26 ait proposé divers pactes sur la libération de gaz et sur les forêts, la convention est aussi marquée par un gros lot d’hypocrisie et de discordes. En effet, comment peut-on espérer une réelle amélioration des bilans écologiques, quand deux pollueurs majeurs de la planète, la Chine et le Brésil, sont aux abonnés absents ? La COP26 peut tenter de s’inscrire comme un contre-poids face à ces deux géants de la pollution, mais est-elle suffisante ? De plus, l’hypocrisie des acteurs conviés à la COP26 décrédibilise la Convention. Selon le journal britannique Telegraph, Ursula Von der Leyen, la Présidente de la Commission Européenne serait venue à la convention… en jet privé. Jeff Bezos, dans son discours aux membres des États, soulignait aussi l’importance de la préservation de la terre et de ses ressources, qui sont vitales, alors qu’il s’envolait à bord de sa fusée à 200 tonnes de CO2, en juillet dernier. La COP26 est alors, certes une avancée, en matière de début de transition écologique, puisqu’elle permet aux États de coopérer et d’unir leurs actions. Mais si les géants économiques de ce monde sont aussi des pollueurs géants, il devient alors impossible de créer, pour les États les moins développés, un modèle à suivre.