Du sable et des méchants

Par Madeleine Gerber
Publié le 14 octobre 2021

Adapté d’un roman de science-fiction, le film Dune réalisé par Denis Villeneuve est sorti en France le 15 septembre 2021. L’intrigue tourne autour d’une lutte de pouvoir dans l’espace et se révèle très manichéenne et sans grand intérêt.

Dune est un peu sorti de nulle part selon moi. Je ne l’attendais pas, je ne connaissais pas le livre. Puis des affiches se sont mises à fleurir dans le métro. Des gens commençaient à en parler autour de moi. J’ai réservé ma place sans avoir lu le synopsis, plus impatiente de découvrir la salle magistrale du Grand Rex que le film lui-même. Le public était dans une telle excitation qu’il a applaudi avec force tandis que l’écran se déroulait sous ses yeux.

Vu et revu

Je vous re-situe un peu le film réalisé par Denis Villeneuve. C’est l’histoire de Paul Atréides, jeune homme voué à un destin hors du commun. L’empereur qui règne sur l’univers s’allie aux Harkonnen et décide de confier la gestion d’Arrakis à la famille de Paul. Aussi appelée Dune, cette planète est réputée pour une ressource précieuse : l’épice. La dynastie des Atréides est en grand danger.

Tout le long du film, je me sentais en-dehors. Je savais que j’étais dans un cinéma et que je regardais une histoire qui ne m’intéressait pas. Vue et revue. C’est l’histoire d’un héros un peu faible qui ne veut pas de grandes responsabilités. Mais les méchant·es sont méchant·es donc il veut sauver tout le monde. Il parvient tout d’un coup à gérer son pouvoir, les techniques de combat et de survie. Je passe sur le manichéisme bien trop évident : les gentil·les sont belle·aux (et courageux·ses), les méchant·es sont laid·es (et pas hyper futé·es) ; même le traître n’est pas ambivalent. L’actrice Zendaya très mise en avant pendant la communication autour du film, n’apparaît que très peu à l’écran dans des visions de Paul, bien loin d’être innovantes.

Une introduction de 2h35

Le film n’est en réalité qu’une longue introduction. Il s’agit là de l’adaptation de la première partie du roman de Frank Herbert. À la fin de cette première partie – que je ne savais pas être la fin du film, j’étais enfin enthousiasmée de voir les vraies péripéties du héros commencer. Musique épique qui monte. Fin. J’étais coupée dans mon élan. Pas sûre d’être au rendez-vous pour la suite en 2024. Devant le cinéma, où nous nous étions rassemblé·es pour parler de nos impressions je n’ai entendu que du positif. « Du jamais vu. Un chef d’œuvre. Le meilleur film de science-fiction de ces cinq dernières années » et j’en passe. Tout d’abord étonnée, je me suis rappelée que le Covid altérait aussi le sens du goût.

Beauté froide

Je ne peux en revanche pas critiquer la direction artistique ; qui sauve la pauvreté de l’intrigue. La réflexion autour des transports, des équipements et des décors est intéressante. Les yeux bleus des Fremen sont magnifiques. La plastique est parfaite, presque trop lisse. La clé de ce détachement me paraît simple ; le film est glacial. Devant, je ne ressens aucune émotion. Chaque mort me laisse indifférente. Je ne m’identifie à personne. Je contemple. Et puis c’est tout. La critique a loué la capacité de Denis Villeneuve à filmer le désert. Et j’avoue que sur le côté désert froid silencieux et sans vie, je ne peux que leur donner raison.

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