Le pastel : star du XIXème siècle
Par Suzanne Brière
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Publié le 13 mai 2023
Le musée d’Orsay met à l’honneur la technique du pastel dans son exposition « Pastels, de Millet à Redon », jusqu’au 2 juillet 2023. C’est pour nous l’occasion de (re)découvrir cette technique si particulière et son usage au XIXème siècle, par des artistes allant de Degas à Redon, en passant par Morisot, Monet ou encore Heulleu.
Dans cette exposition dédiée à au pastel, on retrouve une citation de l’artiste Paul Helleu : « Les dessins au pastel, n’est ce pas la plus jolie chose qu’on puisse imaginer ? Sa surface ressemble à du velours, la fraîcheur et le modelage obtenus ne se retrouvent dans aucune autre technique ». Au XIXème siècle, la technique du pastel connaît un véritable âge d’or. Portraits, paysages, nus, scènes de genres ; les sujets et genres représentés sont multiples. Le musée d’Orsay nous ouvre les portes de sa collection de plus de 500 pastels, dont 95 sont mis à l’honneur dans cette exposition, à ne pas manquer !
Le pastel, qu’est ce que c’est ?
L’exposition s’ouvre sur une présentation de la technique du pastel et ses particularités, afin d’appréhender au mieux les œuvres exposées. Le pastel se constitue de trois éléments : un pigment coloré, une charge blanche (kaolin, argiles broyées…) et un liant pour maintenir ces ingrédients en place. La quantité de liant utilisée peut alors faire varier l’intensité de la couleur, ainsi que l’aspect gras ou, à l’inverse, sec du pastel. Cette technique, à cheval entre le dessin et la peinture, allie la ligne et la couleur et permet un geste plus libre et des rendus variés, propres à chaque artiste. Le pastel peut, par exemple, être fondu, estompé, associé à d’autres médiums, utilisé en aplat, par rayures…
L’âge d’or du portrait
L’émergence de la bourgeoisie au XIXème siècle entraîne un développement drastique du genre du portrait ; la technique du pastel présente alors plusieurs avantages. Le temps de pause est par exemple raccourci, dû à la rapidité d’exécution possible avec le pastel. Par ailleurs, le concept de physiognomonie, qui consiste à déterminer le caractère d’une personne par son physique, peut être développé grâce au pastel. En effet, le geste rapide, permis par ce medium, donne un aspect plus esquissé au portrait et permet d’appuyer sur certains éléments et d’en estomper d’autres, en laissant ainsi se révéler le caractère de la personne.
Représenter le monde moderne
Durant cette période de révolution industrielle, quelques artistes vont se tourner vers le monde rural, à l’instar de Millet, qui utilise les pastels et les camaïeux de couleurs ternes pour représenter les champs et intérieurs ruraux. Cela va de pair avec la facilité à transporter le pastel. Cela permet en effet aux artistes, notamment aux impressionnistes, de créer sur le vif pour représenter de manière fidèle l’instant présent, la lumière, les couleurs, les mouvements du paysage.
D’autres vont à l’inverse représenter le monde moderne comme Monet, Caillebotte ou bien encore Degas. Ce dernier capture, par exemple, le labeur du travail ou bien encore le mode de vie bourgeois, qui se développe dans les villes comme dans son œuvre Chez la modiste où le pastel lui permet de représenter la fluidité des tissus et leurs couleurs vives.
En revanche, le rendu du pastel peut se faire beaucoup plus doux et est alors favorisé pour figurer des scènes intimes. Berthe Morisot l’utilise à plusieurs reprises pour capturer la maternité, tandis que Paul Helleu représente des scènes d’intérieurs de sa femme et muse, Alice Helleu avec Femme accoudée à une table ou bien encore Portrait de Madame Paul Helleu.
Fuir le monde moderne
Enfin, l’exposition se clôture avec les artistes qui, à l’inverse, rejettent la réalité du monde moderne et se tournent alors vers un « idéalisme arcadien » pour reprendre l’expression employée dans l’exposition. Lévy-Dhrumer mis à l’honneur sur l’affiche de l’exposition avec son œuvre La femme à la médaille, explore cette notion au travers de la représentation de la vie intérieure avec des portraits de personnages imaginaires comme Méduse ou bien encore La sorcière. Quant à Odilon Redon, il se laisse guider par le medium et la libération du geste, qui donne à ses œuvres une esthétique bien particulière.
Le pastel et la conservation
En revanche, le pastel nécessite une conservation stricte. Cette exposition a notamment été le lieu d’une grande campagne de restauration de la collection des pastels du musée d’Orsay. Tout d’abord, le pastel est particulièrement sensible aux vibrations, qui entraînent des chutes de pigments, ainsi qu’à l’hygrométrie. Ils réagissent à l’humidité, ce qui peut entraîner des altérations au niveau de la couche picturale et de la surface du papier. En effet, ce dernier est également sensible à l’humidité, mais aussi à l’exposition à la lumière. Ainsi, cette exposition nous invite à découvrir le pastel dans son entièreté, des rendus variés et singuliers qu’il offre aux contraintes de conservation qu’il entraîne.