Retrait des trottinettes électriques : abus ou sécurité ?
Par Clémence Blin
Photo ©Madeleine Gerber
Publié le 28 novembre 2023
Depuis le 1er septembre 2023, la Mairie de Paris, suite à un vote citoyen, a rendu impossible le déplacement en trottinette électrique dans les rues de la capitale. Mais que sait-on vraiment des raisons de son interdiction, et selon quels critères a-t-elle été décidée ? Qu’en est-il dans les autres villes françaises, et quels impacts socio-économiques cette disparition va-t-elle engendrer ?
Jugés trop dangereux, ces petits véhicules à deux roues étaient, avant leur interdiction, disponibles en libre-service, et très faciles d’accès car situés un peu partout. Ces derniers mois, les trottinettes, souvent conduites par des jeunes, emplissaient les rues de Paris. Avec un prix d’environ 3€ pour dix minutes d’utilisation, les principaux usager·ères recherchaient en effet une praticité et une rapidité auxquelles d’autres véhicules publics, notamment mis en place par la RATP, ne répondent pas forcément. Pour se rendre où l’on veut, il est bien plus rapide de débloquer une Dott que d’attendre plusieurs minutes le métro ou le bus, ou encore de trouver un vélib’ qui fonctionnera efficacement. De plus, les trottinettes permettaient de se déplacer à deux à l’aide d’un seul engin, possibilité certes très pratique, mais surtout interdite, pour des raisons sécuritaires qu’il est essentiel de mieux connaître afin d’avoir une vision d’ensemble sur le sujet.
L’aspect sécuritaire a constitué l’argument majeur pour le retrait des trottinettes électriques à Paris. Selon la préfecture de police de Paris, le nombre de mort·es par accident en trottinette électrique dans la capitale s’élève à au moins 3 en 2022. Pour les blessé·es, le chiffre stagne autour de 500, allant d’une simple fracture à des blessures bien plus graves. Un nombre d’accidents non-négligeable a donc été recensé. Cela s’explique sans doute par une utilisation abusive de certain·es usager·ères, qui se trouvaient sur la chaussée, sans protection, là où les trottinettes devaient en principe rester sur les pistes cyclables, et que le port du casque était largement recommandé. D’après les hôpitaux parisiens, la plupart de ces accidents sont survenus la nuit, et sont pour un tiers liés à la consommation d’alcool.
Si l’argument de la sûreté a été déployé à Paris, cela est beaucoup moins le cas dans les autres villes de France envahies par ces petits engins, qui font face aux mêmes types de problèmes, sans pourtant prendre de mesures aussi radicales. Dans la plupart des autres agglomérations françaises, la réglementation a cependant évolué, et il est maintenant impossible de se déplacer en trottinette électrique sans porter de casque. Ces véhicules nous donneraient-ils l’impression, par leur petite taille et leur malléabilité, d’un risque encouru moins grand ?
Parmi les utilisateur·ices les plus important·es, on retrouve donc principalement des jeunes, pour qui les transports en commun parisiens coûtent parfois trop cher, et pour qui les trottinettes électriques répondaient à un besoin de rapidité et de commodité. Qu’en est-il alors des usager·ères respectueux des règles, qui trouvaient dans ces véhicules une réponse directe et adaptée à leurs besoins essentiels ? Reste donc pour chacun à peser le pour et le contre, entre praticité perdue et sécurité renforcée.