Les sept merveilles du monde antique

Rédaction et illustration : Lou Trullard
Publié le 22 octobre 2022

À ne pas confondre avec les sept merveilles du monde moderne, ces sept joyaux, dont la plupart ont malheureusement disparu, continuent pour autant de fasciner, et nous éclairent aujourd’hui sur le génie des civilisations antiques.

Ensemble d’œuvres architecturales et artistiques dont la liste a été établie à l’époque hellénistique, les sept merveilles du monde révèlent le génie humain et l’ingéniosité des architectes et bâtisseurs antiques. Entourées d’une aura de mystère liée à la disparition de six d’entre elles, elles illustrent encore aujourd’hui l’idée de prouesse technique, tant dans l’architecture que dans le rapport à la nature. Pline l’Ancien, grand écrivain et naturaliste romain du Iᵉʳ siècle après J-C, évoque, lui aussi, ces merveilles dans son Histoire naturelle, encyclopédie des savoirs de son époque. Il mentionne cinq des sept monuments de la liste, oublieux du colosse et des jardins suspendus.

Tout d’abord, ces merveilles sont indissociables de l’espace méditerranéen. Situées dans une zone géographique qui va de l’Europe méditerranéenne à l’Asie mineure, territoire conquis par Alexandre le Grand, elles appartiennent, pour cinq d’entre elles, à la zone d’influence de l’ancien empire grec : deux se trouvent dans celle de l’Égypte antique et la dernière dans l’antique cité de Babylone. Ces constructions dépassent tout ce que l’imagination peut concevoir, à tel point que l’on utilisait le terme grec thaumasia, signifiant merveille , miracle, pour évoquer leur caractère exceptionnel.

Puis, ces œuvres majestueuses ont été recensées à l’écrit dans de célèbres listes. Hérodote, au Ve siècle avant J.-C., est le premier à décrire des bâtiments exceptionnels, dont la pyramide de Khéops, qui sera classée dans la fameuse « Liste des sept » établie à une date ultérieure encore inconnue, par Philon de Byzance. La liste d’Antipater, un des grands généraux de Philippe de Macédoine puis d’Alexandre le Grand, son fils, est très voisine de celle de Philon de Byzance : « J’ai contemplé le rempart de la superbe Babylone où peuvent courir les chars, le Zeus des bords de l’Alphée, les Jardins suspendus, le colosse d’Hélios, l’énorme travail des hautes
pyramides, l’opulent tombeau de Mausole mais quand je vis la maison d’Artémis qui s’élance jusqu’aux nues, tout le reste fut éclipsé, et je dis : «Hormis le sublime Olympe, l’œil d’Hélios vit-il jamais une chose semblable !» ». (Antipater, Anthologie palatine, IX, 58).

Ensuite, ces bâtiments étaient gigantesques. Qu’il s’agisse de la pyramide de Khéops qui correspond au plus vieux monument de cette liste et le seul encore visible de nos jours, du mausolée d’Halicarnasse ou du temple d’Artémis à Éphèse, ces constructions se caractérisent par leur gigantisme. Le temple d’Artémis, décrit dans les textes antiques comme le plus grand sanctuaire jamais dédié à la déesse grecque de la chasse, est agrémenté de riches décorations, tout comme le temple de Mausolée, tombeau d’un couple royal à Halicarnasse, monument gigantesque destiné à symboliser la force de l’amour des deux époux, Artémise et Mausole. Quant à Khéops, elle constitue avec ses deux sœurs, Khéphren et Mykérinos, « un ensemble architectural impressionnant et que tous les navigateurs du fleuve ont l’habitude de voir. » (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 75).

La statue monumentale du colosse de Rhodes, qui représente le dieu solaire Hélios, s’élève au-dessus du port et mesure entre trente et trente-cinq mètres de hauteur

De plus, il peut aussi s’agir de statues colossales. La statue chryséléphantine de Zeus n’a jamais été décrite et subsiste dans les esprits par l’alliage de ses matières nobles, à savoir des plaques d’or et d’ivoire assemblées sur une structure en bois. Attribuée à Phidias, elle est d’abord installée dans le temple de Zeus à Olympie, puis transportée à Constantinople en 420 ou 422 pour y être mise à l’abri. Elle est détruite dans un incendie en 461. La statue monumentale du colosse de Rhodes, nom venant du grec kolossos et signifiant statue de dimensions énormes, représente le dieu solaire Hélios. Exécutée par Charès de Lindos, cette statue en bronze s’élève au-dessus du port et mesure entre trente et trente-cinq mètres de hauteur. Un tremblement de terre a raison d’elle en 224 avant J.-C., soixante-dix ans après sa construction.

À présent, évoquons le phare d’Alexandrie, qui est, sans doute, la plus connue de ces
merveilles, auquel Claude François fait référence dans son célèbre morceau Alexandrie Alexandra. Tout en marbre blanc, construit sous le règne de Ptolémee sur l’île de Pharos, d’où le nom phare, il est de forme polygonale et construit en trois parties. D’une hauteur de 113 mètres, il éclaire de loin grâce au feu qui brûle à son sommet et dont la lumière est projetée par un système de miroirs. Il signale la ville d’Alexandrie dont la réputation contribue fortement à la popularité de l’édifice. Encore debout au XIVe siècle, il est détruit par plusieurs tremblements de terre et exploité comme carrière afin de réemployer ses matériaux.

Enfin, terminons avec les jardins suspendus de Babylone. Œuvre de Nabuchodonosor II, roi de l’empire néo-babylonien au Ve siècle avant J.-C., les jardins suspendus sont liés à la ville de Babylone, située au sud de l’actuelle Bagdad en Irak. Ils auraient été conçus pour être offerts en cadeau à l’épouse du roi. Ces jardins-oasis, situés en plein désert, témoignent du savoir-faire des jardiniers babyloniens : organisés en terrasse, arrosés par un ingénieux système d’acheminement de l’eau, ils demeurent toujours verts. Ces jardins, peut-être une extension du palais royal, n’ont quasiment pas laissé de traces archéologiques, ce qui ajoute au fantasme. Connue pour la qualité et l’exubérance de ses constructions (grandes murailles, portes d’airain, pont aménagé sur le fleuve, palais, temple de Marduk…), Babylone est à elle seule une véritable merveille. « Elle est si magnifique que nous n’en connaissons pas une qu’on puisse lui comparer. » (Hérodote, Histoire, I, 178).

Existe-t-il pourtant des merveilles romaines ? En effet, la question peut se poser puisque les merveilles antiques citées précédemment appartiennent surtout au monde grec. Les Romain·es regardaient alors parfois avec dédain cette liste, comme le grand architecte romain Vitruve, voire ironisent à son propos, comme Martial dans son œuvre poétique Des spectacles, écrite en 80 après J.-C. à l’occasion de l’inauguration du Colisée. En voici un extrait :
« Que la barbare Memphis ne nous parle plus de ses merveilleuses Pyramides ; que
Babylone exalte moins ses murailles ; qu’on cesse de vanter le temple élevé par la molle lonie à Diane Trivia, et l’autel d’Apollon, construit avec des cornes d’animaux ; que la Carie ne porte pas aux nues son Mausolée, et parle avec moins d’emphase de son tombeau suspendu dans les airs. Tous ces monuments le cèdent à l’amphithéâtre de César ; lui seul doit par-dessus tout occuper les voix de la Renommée ». (Martial, Des spectacles, trad., Nisard, 1842).

Avec le temps, certains ont voulu établir d’autres listes, incluant par exemple des éléments égyptiens ou romains, tel Pline l’Ancien qui veut y inclure des « merveilles de la ville de Rome ».

Nous connaissons enfin aujourd’hui des réalisations antiques exceptionnelles issues d’autres civilisations et dignes du titre de « merveille du monde », tels que la Grande Muraille de Chine, le Machu Picchu, le Taj Mahal ou encore la cité de Chichén Itzá.

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