Le don du sens

Par Angéline Lechauve
Illustration : Tony Gonçalves
Publié le 18 novembre 2021

Dix mille dons de sang sont nécessaires chaque jour pour sauver des vies. Malheureusement, à ce jour, trop peu de personnes donnent leur sang, et les réserves sont basses. On est souvent mal renseigné·e à propos du don de sang, et on ne s’y intéresse pas. Aujourd’hui dans cet article, laissez-moi vous expliquer tout ce qu’il faut savoir sur cet acte anodin qui permet de soigner un million de malades par an en France.

Dès que j’ai appris ce qu’était le don de sang, et à quel point il est indispensable pour sauver la vie des gens, j’ai tout de suite voulu donner. Alors quand j’ai eu 18 ans, j’ai pris rendez-vous dans une collecte qui était organisée dans ma commune, et je suis allée donner mon sang. C’est vrai que de prime abord, donner son sang, ça peut faire un peu peur. Comment ça se passe ? Est-ce que c’est douloureux ? Pourquoi est-ce si nécessaire, et pour qui ? Toutes ces questions, j’ai eu la chance de les poser à Céline Lebel, développeuse de territoire travaillant à l’Établissement Français du Sang de Normandie, qui a accepté un entretien, afin de nous éclairer un peu plus sur ce qu’est le don de sang.

L’ouvreuse magazine: Bonjour Céline Lebel, à quoi sert le don de sang ?

Céline Lebel : C’est une question sur laquelle je pourrais m’étendre pendant des heures, (rire), mais là on va la faire simple. Le don du sang, ça sert à plusieurs types de personnes. On a tendance à penser tout de suite aux personnes accidentées de la route, mais en réalité, ces personnes ne représentent qu’un petit pourcentage. Le don de sang, on en a besoin quotidiennement majoritairement pour toutes les personnes étant atteintes de maladies du sang ; les leucémies, les personnes traitées par chimiothérapie pour soigner les cancers. Cela va servir aussi lors de chirurgies lourdes où le·a patient·e perd beaucoup de sang et a besoin d’être transfusé·e, aux personnes souffrant d’insuffisance rénale, et ça sert également aux femmes enceintes qui accouchent avec l’hémorragie de la délivrance.

L’O : Qui peut donner son sang ?

C.L. : Tout le monde peut être donneur·euse à partir du moment où iel est majeur·e, donc à partir de 18 ans et jusqu’à 70 ans. Cela, c’est sur les grands principes. Après c’est l’avis du médecin qui permet de dire si une personne est en capacité de donner ou pas, et cela se fait lors de l’entretien pré-don.

L’O : Il y a souvent une différenciation entre « don de sang » et « don de plasma ». Quelle est la différence ?

C.L. : En fait, on va dire que vous faites un don de sang « total » lorsque l’on prélève tous les composants du sang, les plaquettes, le plasma, les globules rouges et blancs (on retire les globules blancs parce qu’ils ne se transfusent pas). C’est pour ça qu’il y a une campagne de communication qui dit « prenez 1 heure pour sauver 3 vies », parce qu’avec un seul don, on peut transfuser trois personnes après avoir séparé les trois composants du sang. Alors que le don de plasma, on ne prélève que le plasma, et on restitue les autres composants du sang au donneur, et c’est pour cela que c’est un don qui dure un peu plus longtemps.

L’O : Comment se déroule un premier don de sang ?

C.L. : Un premier don de sang va se dérouler comme tous les autres que vous pourrez faire par la suite. Après avoir décliné votre identité, on vous remet un questionnaire dans lequel on vous pose tout un tas de questions sur votre hygiène de vie de manière générale, afin de savoir si, d’une part, vous êtes en capacité de donner votre sang, si ce n’est pas dangereux pour votre santé ; mais aussi, d’autre part, pour « pré-évaluer » la qualité de votre sang et si votre sang pourra être transfusé à un malade. Une fois votre questionnaire rempli, vous allez revoir vos réponses avec un médecin. C’est l’entretien pré-don dont on a parlé avant, et c’est donc là que le médecin pourra vous demander des précisions sur vos réponses. C’est lui qui décidera si vous allez pouvoir donner. Si tout est OK, vous vous dirigez dans une autre salle où vous vous allongerez sur un lit médical et on vous fera comme une prise de sang, c’est exactement la même chose sauf que c’est un prélèvement plus long qui dure maximum 10 à 15 minutes.

Normalement tout se passe bien, vous ne devez pas vous sentir mal lors d’un don de sang, c’est vraiment un acte bénin qui ne doit pas avoir d’incidence sur votre état. Si vous avez mangé correctement et que vous avez bu de manière suffisante avant le don, il n’y a aucune raison qu’il y ait un problème. D’ailleurs, ne venez jamais donner votre sang si vous êtes à jeun ! Et une fois le don terminé, vous pourrez manger un goûter ou un petit repas qui vous est offert par l’EFS. Ce n’est pas nécessaire de manger après un don de sang, mais c’est une manière de remercier le·a donneur·euse.

L’O : Avec la pandémie, y a-t-il assez de donneur·euses ?

C.L. : Pandémie ou pas, il n’y a pas assez de donneur·euses (rires). Seulement 4 % de la population donne son sang. C’est très peu, mais on arrive à s’en sortir parce que les donneur·euses sont des personnes très généreuses qui viennent donner régulièrement. C’est pourquoi on les sollicite beaucoup. Au début de la pandémie, on s’en est bien sorti·es parce que les personnes se sont mobilisées pour donner leur sang et aussi parce que beaucoup d’interventions chirurgicales ont été décalées. Mais maintenant que les donneur·euses ont repris une activité professionnelle normale, et les hôpitaux aussi, c’est là que nous sommes en difficulté parce qu’on ne peut plus venir prélever dans les facs, dans les lycées ou dans les entreprises comme avant la pandémie, pour éviter la circulation du virus. C’est pour ça qu’il y a moins de dons. On essaye de faire plus de campagnes de communication mais ça reste difficile de trouver de nouveaux donneur·euses.

L’O: Un dernier mot ?

C.L. : J’aime à dire que le don de sang doit être intégré à notre agenda comme n’importe quelle autre activité du quotidien. Il faut le programmer, surtout qu’aujourd’hui on peut prendre rendez-vous sur le site internet mon-rdv-dondesang.efs.sante.fr en seulement quelques minutes.

On a pas tous·tes dans notre quotidien l’occasion de sauver trois vies.

Prenez rendez-vous pour donner votre sang, et si c’est la première fois, venez à plusieurs ! Faire quelque chose qu’on ne connaît pas pour la première fois c’est toujours plus facile de le faire à plusieurs. On a pas tous·tes dans notre quotidien l’occasion de sauver trois vies, on passe beaucoup de temps sur nos écrans. L’on pourrait au moins donner une heure de ce temps-là – qu’est-ce que c’est qu’une heure ? – à aider les personnes pour qui le don de sang est vital.

J’espère que cet article vous aura permis de comprendre un peu mieux pourquoi le don de sang est si important et que cela vous aura donné envie de passer le cap du premier don ! N’hésitez pas à aller directement sur le site de l’EFS pour avoir plus de renseignements. Merci encore à Céline Lebel de m’avoir accordé son temps pour cet entretien.

Voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=gEPwo-1n5AI&ab_channel=GoldenWicks

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