Je pense donc j’écris
Par Suzanne Brière, Madeleine Gerber, Mina Miedema, Jean Perrin, Raimonds Sarkanis, Gaspard Thémines, Roman Thieres, Lara Ulusoy, Agathe Viriot
Photo ©Lara Ulusoy
Publié le 14 octobre 2024
Dans le cadre de la semaine de mobilisation des Tropikantes, L’ouvreuse magazine a proposé un atelier d’écriture engagé le jeudi 19 septembre 2024. Cet article regroupe quelques unes des productions réalisées au cours de ces deux heures. Un grand merci à chacun·e pour sa contribution !
Un objet
Pour le premier exercice, il fallait choisir un objet présent dans la pièce et s’en inspirer pour écrire un texte en 10 min.
C’est terrible de devoir choisir. Là par exemple, il n’y a aucun enjeu, aucune raison de paniquer, de ne savoir que faire. Et pourtant. Terrible. Mais cette fois-ci pas d’échappatoire, on ne peut pas à nouveau choisir pour moi. Je vais sûrement parler des livres, parce que c’est peut-être l’objet le plus familier dans cette pièce. Ils m’ont accompagné toute ma vie, et pourtant je recommence à les délaisser. Pourquoi ! C’est terrible ! Je répète beaucoup ce mot en ce moment, terrible, c’est terrible, tout est terrible. Bref. Je vais juste dire qu’en ce moment, et depuis un peu trop longtemps à mon goût, je lis moins. C’est un constat qui m’attriste. Pourtant je ne sais pas comment le contrer : il m’arrive de m’y replonger, mais ces moments se font de plus en plus rares, de plus en plus courts. Peut-être que c’est aussi à cause de mes choix de lecture. J’achète en général des livres « sérieux » : sciences politiques, économie, sociologie etc, etc. Des livres passionnants selon la 4e, mais qui pourtant se révèlent souvent terriblement longs à lire. Et cela me rend fou, parce qu’en général ces livres s’accumulent chez moi, et chaque fois que je les vois je suis rappelé de cette terrible situation, insoutenable. J’ai trop de livres à lire. Trop. Je ne peux plus lire un livre sans ressentir une pointe de mécontentement, regrets et autres sentiments. Cela me frustre terriblement. Alors je lis encore un peu, la science-fiction passe encore très vite, mais cela ne brise pas cette terrible succession de lenteur, abandon, regret, achat. Et pendant ce temps les piles s’accumulent. Je suis alors pris de questionnements : suis-je un vrai lecteur ? Ou juste l’équivalent moderne d’un dragon assis sur son tas d’or ? Même si l’équivalent moderne d’un dragon ce serait sûrement un milliardaire, mais ce n’est pas la question. La question c’est : que faire ? Comment me sortir de cette impasse ? Devrais-je supprimer d’autres distractions ?
Gaspard Thémines sur les livres
Il fait froid, et je suis seul.
Mais je vois tout !
Les arbres, la ville et mes amis.
Je veux leur crier de me rejoindre !
Mais ils ne répondent pas à mon appel.
Ou bien ils ne l’entendent pas ?
Moi non plus je ne les entend pas.
Ils ont l’air de bien s’amuser.
Moi aussi je veux m’amuser.
Peut être qu’il est temps de descendre.
Mina Miedema sur le lapin perché tout en haut
Un air entraînant, il rythme la valse des stylos sur les feuilles, le tango des mains sur le clavier. Simple, petit, modeste, il vient parfumer la moquette grâce à son bois, poli, bien sage. Une présence rassurante, un appel du vivre ensemble, accompagné du metteur d’ambiance, toujours présent. Il se prend à rêver. Il a fait virevolter les cartes, il veut faire chanter, danser, partager. Une poésie sensible dans un cadre casanier, agréable, solidaire. Il se sent pousser des ailes, vogue jusqu’à Bastille, prêt à essayer l’opéra. Parcourt les rues, s’immisce dans les conversations, les rend chantantes. Il est prêt à s’échapper, le début d’un voyage loin, aussi loin qu’il rencontrera femmes, hommes, enfants, des gens tout simplement. Jusqu’à la plage où ses quatre cordes raviront les oreilles, annonceront le début d’une soirée simple, peut-être même avec un petit feu pour se réchauffer. Des airs connus, des accords, simples, toujours, puis un solo, de la danse, des rires, des éclats de rire même. Tout semble facile avec lui, il enchante le monde, occulte les douleurs, les souffrances, les violences, le temps d’un instant, on le remercie, on le vit, la paix, ukulélé.
Roman Thieres sur le ukulélé
Un jour j’ai lu un livre, le sel de nos larmes. J’avais bien aimé.
Moi je ne veux pas pleurer. Pleurer c’est pour les faibles. Enfin non, les hommes qui pleurent c’est cool – pas quand on leur dit qu’on choisit l’ours – plutôt quand ils acceptent leur émotion. Un truc de mec moderne.
Mais être une fille et pleurer c’est nul. Un cliché sur petites pattes. On ne peut pas être éclatée en sport, aimer le rose et pleurer. Alors quand ça monte, je ravale tout. Je ne veux pas être celle qui pleure.
Le sel n’est pas sur mes joues. Il est dans ma bouche. Je le crache parce que le monde m’énerve, me dégoûte. Je m’agace devant mon clavier. Je tappe je tappe pour qu’on lise, qu’on écoute, qu’on comprenne. Pour que je ne sois seule, sel.
Madeleine Gerber sur le sel
Comme dans une fourmilière, nous nous suivons formant un chemin sans queue ni tête. Loin de la volonté de nous hiérarchiser, nous sommes un ensemble qui trace un parcours. Bien que certains aient une valeur plus grande, une couleur ou une couleur plus flatteuse, cela n’a pas d’importance car dans cet espace de rencontre, nous ne sommes que des rectangles identiques bien que différents qui se rejoignent dans une chaîne amicale.
Un coin en attrape un autre et ainsi de suite, certains ont un peu de retard, sont plus à l’écart mais persistent dans le flux, dans l’élan collectif. Le château de cartes pyramidal et tyrannique a laissé place au parcours insouciant et désorganisé des rectangles aux multiples motifs.
Agathe Viriot sur les cartes à jouer
Tu l’as laissé partir, mon corps, quand je me suis heurté à ton rivage.
Tu étais bien heureux, ma foi
De le voir monter au ciel
D’attendre lentement que je sois démunis
Que vide tout contenu
Mon essence soit nuage.
J’ai côtoyé longtemps, les grands monstres des mers.
Je me suis mêlé tant de fois
Aux tempêtes les plus froides.
Mêlé à l’écume et au vent
J’ai même plusieurs fois
Agité ce monde.
Et porté par une vague
Un cœur inaliénable
J’ai infiltré vos terres
Et dans l’obscurité
J’ai envahi les pierres, les fosses et la rosée.
Tu m’as cherché partout
Contre mines et marées
Et sur le bout de tes lèvres,
J’étais ton or, je sais.
Tu m’as arraché à l’eau
Sans aucune merci
Préférant à ma folle liberté
Mon goût sur tes papilles.
Jean Perrin sur le sel
L’allumette glisse par un geste soudain, affirmé, sur la boîte. Crépitement. Pause. La flamme, hésitante un court instant, se dessine et illumine la pièce. Silence. Une nouvelle pause. Puis, la mèche s’enflamme, celle qui était blanche immaculée se noircit et fini par disparaître. Instant fugace, presque anodin. La cire chauffe et par grosses goûtes s’écoule. Glisse doucement puis soudainement tombe. S’étale grossièrement sur la surface presque trop cuite, boursoufflée, du gâteau. Inspiration, pause, instant déguisé en longues minutes. Puis, souffle, expiration, rapide, inévitable. Obscurité, odeur de bougie. Flash. Instant capturé. Embrassade et une année de plus.
Suzanne Brière sur la bougie
Il est prêt. C’est le moment pour laquelle il s’est entraîné toute sa vie. Il a choisi de devenir une statuette pour faire cette plongée. Du sommet de la tasse, il voit le monde. Un silence suit son regard. Il regarde ses pieds, bien positionnés de manière droite et alignée. Ses orteils qui tremblent légèrement, mais ceci reste imperceptible au regard de tous. Il ferme ses yeux, prend une grande respiration, et réouvre ses yeux. Rien n’a changé, il est toujours sur cette tasse hautaine, qu’il a escaladée de sa propre volonté, mais le vide persiste. Il a choisi ce saut, il s’est entraîné pendant des mois et des mois pour ce saut, mais à cet instant précis, où il est présent sur le mug, il est figé. Il observe tout le public, le grand public, qui de la hauteur où il se trouve, semble minuscule. Il arrive uniquement à identifier le haut rouge et blanc d’un spectateur, qui n’attend que son saut. Le jury le regarde, et il sait seulement que son saut, peu importe sa complexité, ne va pas être à la hauteur du lapin, ni du magicien, qui le regarde depuis des heures dans l’ attente. Le lapin, avec une attitude hautaine depuis le début, ne le regarde même plus. Il a son regard dressé vers le haut, les yeux plissés. À ce moment précis, tout les regards sont sur lui. Il sait qu’il doit faire ce saut, et il sait que plus il attend, plus le vide va grandir. “À l’essence, ce n’est qu’un saut” il se dit, “Il faut juste que je fasse le premier pas” il se dit.
Ses mains sur sa poitrine, il referme les yeux. Il prend position, respire une deuxième fois, et juste avant d’ouvrir ses yeux, il fais un pas vers l’avant.
Lara Ulusoy sur la statuette de l’Oscar
Qui est là ?
Pour le deuxième exercice, inspiré de la nouvelle Matin Brun de Franck Pavloff (1998), il fallait commencer son texte par « toc toc toc » pour créer une situation entre le dedans et le dehors, le connu et l’inconnu.
Toc, toc, toc… Regard à droite, regard à gauche, regard par la fenêtre, clignement d’yeux. Stop. Je lâche mon livre, redresse ma tête, mon sommier craque. Vraiment ? Est-ce que ça a vraiment toqué ? J’attends, je compte les secondes dans ma tête, j’essaie de compter les centièmes, j’y arrive pas. 12, 13, 14, Toc, toc, toc, toc… Mais QUOIIII ? Mais depuis quand les gens veulent me voir ? Dans ma tête, je hurle. Puis, je me dis, si c’est un militaire qui toque, ce sera la toc(que) du chef ? Il se transformerait ainsi en cuisinier pacifiste ? Peut-être suis-je idéaliste. Bon, trêve de plaisanteries, la panique reflue, vite, sortir de la couette, mettre un t-shirt, ranger, s’entraîner à sourire, merde, qu’est-ce que je vais dire ? Nan mais c’est la personne qui va parler, don’t stress. Je vérifie que c’est pas trop le bordel, si, bon, tant pis. J’arrive devant le rond, je sais jamais comment ça s’appelle, un vasistas ? Pas sûr. C’est marrant quand même, vraiment un truc d’espion, de collabo. Sauf que c’était la technologie avant l’heure, les enfants, au lieu du filtre snap, iels regardaient par le rond, ça déforme, c’est rigolo, par contre, du coup, j’ai l’impression qu’on voit pas bien. Je repense au jeu du toc, toc, toc, qui est là ? Jamais compris l’intérêt. Bon. Qu’est-ce que je vois ? Mon couloir, ok, normal, vide, non, pas normal. Ca retoque, je sursaute, je crie aussi, je recule, puis, j’avance, j’ouvre, un talkie, nul comme vanne, nul.
Roman Thieres
Toc, toc, toc
Elle est dans la cuisine, les mains dans le cambouis. Fin dans la marinade pour les côtes de boeuf. Plus délicieux, mais tout aussi handicapant. Elle ne peut pas ouvrir cette porte, et surtout, elle ne peut pas se présenter comme ça à l’invité. Elle a les cheveux ébouriffés, elle n’a pas eu le temps de mettre un peu de rouge à lèvres et franchement elle se demande si elle devrait pas se brosser les dents. Alors oui, peut être que c’est sa mère qui vient de toquer, mais ça pourrait aussi être son cousin Paul qui a toujours aimé se moquer d’elle aux réunions familiales. Donc vraiment c’est pas le moment de tenter le sort. Aaaaah si seulement elle avait un mari à ordonner qui irait lui ouvrir cette porte, mais avec sa chance il ne l’écouterait surement pas et serait entrain de bardacher ailleurs dans la maison. Halalala qu’est ce qu’elle va dire quand l’oncle lui demandera si tout va bien avec son copain ? Elle peut pas lui dire qu’il l’a trompé avec un bot instagram…
Toc, toc, toc
Oh mon dieu ! Quand est ce qu’il ou elle va la laisser tranquille ! Enfin c’est toi qui l’a invité ici. Ressaisis toi un peu se dit elle. Et puis merde, Elle leur fait à manger, elle leur demande de rien ramener et en plus elle a acheté une bonne bouteille de vin. Ils pourraient attendre 5minutes.
Toc, toc, toc
Elle regarde ses mains, son reflet dans la fenêtre, et goûte le reste de la tariflette de ce midi dans son haleine. Elle inspire un grand coup, plaque un sourire et efface le souvenir de la dick pic que son petit copain avait envoyé à @katarina_sexy. Elle s’élance, un pas après l’autre elle se rapproche de la porte. Elle lève ses coudes, et en essayant de de baisser la clenche se met de la sauce sucré salée sur le visage. La porte s’ouvre et elle la referme tout de suite. Au final elle peut se faire un plat de côte de boeuf toute seule.
Mina Miedema
Toc Toc Toc. Ça toque encore. Un peu plus fort en plus. Ah les salauds c’est eux,
c’est sûr. Boum Boum Boum. Ça y est, ils perdent patience, ils n’en peuvent plus. Ils vont fracasser la porte d’une minute à l’autre. Je me relève, tétanisé. Une goutte de sueur glisse le long de mon dos. Qu’est-ce que je fais ? Je ne peux pas me rendre, ce serait ma fin. Quelqu’un doit s’élever contre les bruns. BOUM BOUM BOUM. Encore un peu plus fort, c’est imminent ils vont détruire ma porte il faut que j’agisse maintenant. L’adrénaline parcourt mon corps et je bondis vers l’entrée. Stratégique : je fais basculer l’armoire. Bien sûr le bruit les fait réagir et j’entends des exclamations. De toute façon c’était maintenant ou jamais : ils n’allaient pas attendre 5 minutes de plus avant d’enfoncer la porte. Là j’ai au moins gagné quelques secondes. Maintenant il faut que je parte, que je m’exfiltre. CRAC. Ça commence, la porte a reçu son premier coup. Je vais à toute vitesse vers la cuisine. PAUSE. Je ferme la porte derrière moi. Quelques secondes de plus. La fenêtre de la cuisine donne sur la façade. J’ai déjà rêvé de ce moment et il est l’heure de mettre à profit mes heures à la salle d’escalade. Enfin, avant que toutes les prises ne deviennent brunes, ce qui a fait chuter la fréquentation. Impossible de se repérer entre les parcours. J’ouvre la fenêtre. Inspiration. Expiration. CRAC. La porte ne v pas tenir longtemps. Je sors doucement par la fenêtre. Pause. Que faire. Grimper la façade ? Sauter sur l’échelle de secours de l’immeuble en face ? Bingo. Il faut arrêter de penser. Vide. Je saute. BLAM. Atterrissage plus que rude mais pas le temps de réfléchir, ils sont peut-être déjà entrés. Je monte l’échelle le plus vite possible. Déjà le toit, je suis libre. PAUSE. Depuis quand le ciel est brun ?
Gaspard Thémines
Toc, toc, toc. Première fois depuis des semaines que j’avais réussi à lire un livre. Mais quelle personne inconsidérée peut toquer à la porte de quelqu’un à deux heures de l’après-midi ?Déjà, c’est un dimanche, et c’est ma seule journée libre. Deuxièmement, j’étais en train de lire. J’ai levé mes yeux de mon livre maintenant que la porte a sonné et que mon moment de paix, mon moment de lecture a été perturbé. Tout mon attention, plouf. J’ai perdu mon rythme. Là quand je vais reprendre ma lecture, je vais tout oublier de la page d’avant.
Ne pensez pas que je suis un être désagréable. Il faut comprendre que je ne suis énervée contre personne, je voulais juste ne pas être perturbée dans ma lecture. Je voulais juste lire, et avoir mon moment pour moi. Surtout, j’aime pas être désagréable avec les gens qui toquent à ma porte. Il faut comprendre que j’ai fait tout pour éviter cette situation. Juste pour ne pas être désagréable envers les gens qui toquaient à ma porte, j’ai déménagé. Personne ne doit toquer à ma porte. C’est hallucinant. C’est injuste. Je n’ai pas déménagé dans une cabane isolée dans les montagnes en plein milieu de nulle part pour que les gens toquent à ma porte.
Je me lève et j’ouvre la porte. Personne. Je regarde par terre, je vois une enveloppe. C’était le facteur, il a laissé mes enveloppes.
Bon, bon, bon. Bref. Bref. Bref.
Lara Ulusoy
Toc toc toc…
Je sursaute, surprise, outrée de ces trois à-coups. Trois à-coups timides mais qui contre la lourde porte d’entrée résonnent comme une menace. Soupire exaspéré, bâillement, qui ose venir me déranger à cette heure ? Qui ose venir me déloger de mon sommeil ?
Je me lève, étire longuement mes quatres extrémités en courbant mon dos. Je saute de mon canapé, trottine jusqu’au rebord de la fenêtre que j’atteins d’un petit bon rapide.
J’étire mon cou pour observer la rue et démasquer qui se cache derrière la lourde porte. Soudainement le toc toc toc reprend de plus belle. Je regagne la terre ferme, me dandine vers la porte avant de m’arrêter brusquement. Alléchée par une douce odeur de poulet, je picore quelques instants pour me rassasier. Puis je tourne allègrement le dos à la porte et reprend place à mon fidèle poste sur le canapé. Je me roule en boule en rabattant ma queue sur mes moustaches.
Suzanne Brière
Fait divers
Pour le dernier exercice, a été mis à disposition une quinzaine de faits divers allant de l’insolite au tragique. Il fallait rédiger un petit texte inspiré de l’un ou de plusieurs d’entre eux.
Aux Pays-Bas, des militant·es écologistes d’Extinction Rébellion ferment l’autoroute menant à la Haye, pour protester contre les subventions aux énergies fossiles.
Pas mal, pas mal. C’est cool de bloquer des trucs et en vrai une autoroute ça commence à être un peu concret, visible. Mais et après ? Je suis toujours heureux de voir des gens agir surtout qu’on se sent moins seul après. Mais quand même, la question me trotte régulièrement dans la tête, surtout après des manifestations ou actions : à quoi ça sert ? À alerter oui, c’est déjà bien. Mais est-ce que ça suffira ? Il est peut-être déjà trop tard remarquez, auquel cas la question ne se pose pas. Mais en étant défaitiste comme ça, on ferait encore moins de choses que ce qu’on ne fait déjà pas. Et puis est-ce que ça serait vraiment plus efficace de faire exploser un siège social (ou à défaut un immeuble ?). Et puis est-ce que ça serait juste : vis-à-vis de personnes n’ayant pas choisi d’être là. Même la nuit il y a aura des victime innocentes travaillant dedans, à côté, etc. Bien sûr je dis ça hypothétiquement, mais dans tout les cas cela deviendrait terriblement injuste et cruelle vis-à-vis de ces personnes. Et puis on sacrifie un peu sa propre vie dans le processus parce que je vois mal comment se sortir d’un tel pétrin après. Petites questions quoi, qu’est-ce qu’on peut faire à notre échelle, éternel débat. Mais attention. Ne soyons pas défaitistes ! Continuons le combat ! Agissons à notre échelle, recueillons des animaux, ramassons les déchets. Ce sera toujours déjà ça de pris quoi.
Mais bon, j’espère quand même qu’on s’en sortira parce que là ce n’est pas super
bien parti. C’est comme le message « Tout va bien » de l’équipage du Titanic. Tout va bien, tout va bien, et puis plus rien. Bon j’admets que ce n’est pas super fun, désolé, j’arrête, revenons au présent dans ce super atelier.
Gaspard Thémines
L’Allemagne d’habitude plus reconnue pour la qualité de ses clubs quand il s’agit de Berlin, ou pour l’attrait important suscité la bière est aussi un lieu d’expérimentation pour les automobilistes. L’Autobahn, autoroute reconnue mondialement pour sa capacité à accueillir les férus de véhicules qui veulent expérimenter les limites de leurs chouchous. Ces pilotes souvent amateur·ices, et rarement conscient·es sont de plus en plus nombreux·euses à expérimenter ces sections sans limitations de vitesse, là où règne le bitume tout en sectionnant les espaces naturels ainsi que sa faune. Mais cette fois-ci la nature a tenté de rétablir son règne. Et oui le plus urbain des oiseaux a décidé lui aussi de montrer ce qu’il a dans le ventre (les ailes). Un pigeon Bavarois qui venait de s’empiffrer royalement dans un square à Munich, s’essaie lui aussi à cette pratique sportive. Malheureusement il se fera flashé, sans surprise. Le monde de l’automobile n’est pas si inclusif que ça.
Raimonds Sarkanis
Dancing Queen feel the beat from l’opinion public. Et oui, encore un échec pour Donald Trump. Après son oreille voici qu’il perd l’autorisation de jouer les tubes du groupe Suédois Abba après que leur maison de disques demande à ce qu’ils ne soient plus diffusés lors de ses rallyes.
Plus de disco fun pour les Républicain·es et bientôt plus de country pop sentimentale depuis que l’ancien président/tolard a eu la bonne idée de publier une image générée par intelligence artificielle de Taylor Swift soutenant l’homme orange à l’aide d’un panneau. La forçant à annoncer son soutien à Kamala Harris. Il ne lui reste plus qu’à jouer du Kanye West, mais pas sur que ça plaise à son électorat.
Mina Miedema
Mais qu’est-ce que devient la nouvelle jeunesse ? On a des moutons rebelles qui sautent depuis des montagnes turques, se tuant par centaines dans cette action, des pigeons ados qui pensent que faire de la vitesse sur les autoroutes allemandes va leur permettre de pécho des pigeonettes, et des mecs avec des goûts de mode questionnables qui pensent qu’ils vont commencer la nouvelle tendance tiktok qui va faire des millions de vues.
Le monde a tellement changé. Moi, quand j’étais jeune et mouton, je ne pensais
même pas à monter sur des montagnes. Nous, à notre époque, on sautillaient sur place, et même ça on avait peur de le faire. Les jeunes aujourd’hui n’ont peur de rien. Ils sautent de partout, ils volent rapidement, ils ne créent que des soucis. Et tout le monde sait que les appareils chauve-souris construis pour sauter des tours, c’est extrêmement basic, tellement déjà fait. Cette tendance a commencé à Istanbul en 1632 avecHezârfen Ahmet Çelebi. Au moins lui il a volé 3 km. Sauter depuis la tour Eiffel c’est tellement un remake. On perd toute l’originalité, c’est que du refait. L’originalité est vraiment morte avec cette génération. C’était mieux avant.
Lara Ulusoy
L’homme pas chauve-souris.
Parfois la réalité et, dans notre cas, la science nous rattrape bien vite par sa fatalité. Nous sommes en février 1912 quand Frantz Reichelt se lance un défi fou, voler. Pour cela, il met à bien sa propre entreprise de tailleur et invente, tel un précurseur d’un super héro devenu mythique, un costume de chauve-souris. Notre ami Frantz n’est pas le premier à se prendre pour un volatile comme en témoignent les recherches de Léonard De Vinci. Et pourtant, à la Renaissance, comme en 1912, voler n’est pas encore à la portée des humains. Et c’est ainsi que celui qui se rêvait homme chauve-souris a rejoint le destin funeste d’Icare et de Phaéton en s’écrasant lamentablement au pied de la tour Eiffel.
Suzanne Brière
Odeur pestilentielle ?
vide ta poubelle
Mais où ça monsieur ?
Point sous vos beaux yeux !
Vos marcs de café
iront en Franche Comté
Vos restes de poires
Jusqu’en en Saône et Loire
Solution aqueuse
Mousse à raser
Fond de bécher
Alcool de tout degré
C’est la fosse commune du sale,
de l’inutile, du méprisable
Du dangereux, du toxique, du détestable
Autant en emporte les camions
Qui quittent votre horizon
Fi des rivières et des riverains
C’est la décharge de Montchanin
Madeleine Gerber