La marginalité devant l’objectif
Par Carolina Nunes
Photographie : Diane Arbus
Publié le 25 octobre 2021
C’est dans les rues de New York pendant les sixties, que Diane Arbus, munie de son appareil photo, affirme son style : des portraits de rue au format 6×6. Derrière l’objectif, ce sont les laissé·es pour compte qui sont à l’honneur. Ses clichés en noir et blanc dérangent une Amérique encore très traditionnelle.
Célèbre pour ses clichés, Diane Arbus est l’une des premières femmes photographes de sa génération. Ses modèles sont divers·es et varié·es, mais ont tous·tes un point commun, iels sont jugé·es étranges. Ces marginal·aux sont celleux que l’on cache, qu’on oublie et qu’on délaisse. Mais pourquoi faut-il les mettre en avant ?
« Je crois vraiment qu’il y a des choses que personne ne verrait si je ne les photographiais pas »
Diane Arbus
Arbus se dit fascinée par les personnages hors normes. Elle aura photographié des personnes géantes, naines, jumelles, handicapées mentales, travesties, vieilles femmes, tatouées et bien d’autres. « Je crois vraiment qu’il y a des choses que personne ne verrait si je ne les photographiais pas », confie-t-elle à la photographe Lisette Model.
C’est en créant une relation de confiance avec ses modèles que la photographe parvient à produire des portraits intimes de celleux qu’elle photographie. Ces marginal·aux ne sont pas conformes aux critères admis par la société. Pourtant son objectif n’est pas de changer le regard qu’on porte sur ces « monstres humains » en les conformant aux normes. Arbus habitue notre regard à l’extra-ordinaire. Elle nous montre simplement qu’il ne faut plus les cacher ni en avoir honte. Ces portraits
frontaux brisent le tabou d’une étrangeté inquiétante en la rendant habituelle.
Elle n’est pas la première photographe à prendre en photo les laissé·es pour compte de la société américaine (on a notamment Dorothea Lange, célèbre pour ses clichés pendant la Grande Dépression). Cependant, Diane Arbus y ajoute une dimension de bizarrerie, de “phénomène de foire”, ce qui fait de ses clichés des œuvres singulières.
Je vous invite tous·tes à jeter un coup d’œil à ces portraits troublants d’une Amérique des années 60, encore très conservatrice, mais que Diane Arbus, ainsi que d’autres artistes, viennent bousculer.
Sources
Diane Arbus, la photographe des « freaks » (opnminded.com)
Diane Arbus Photography | Diane Arbus was a wonderful photog… | Flickr
http://www.artnet.fr/artistes/diane-arbus/lady-bartender-a-jU6m_COyef0o0vX1saWAkg2