Trilogie moyenâgeuse ?
Par Anna Blay
Publié le 6 février 2021
Que vous soyez passionné·e d’histoire avec un grand H ou d’histoire tout court, Ken Follett est l’auteur qu’il vous faut. Sa trilogie des Piliers de la terre suivi d’Un monde sans fin et d’Une colonne de feu associe avec talent histoires d’amour, de familles, de vengeances et rancœurs sur fond d’évènements historiques. Je préfère avertir dès maintenant : il faut être adepte des pavés.
L’auteur déroule non pas une, mais une multitude d’intrigues, ce sont de véritables fresques historiques, chaque tome s’écoulant sur un siècle. Tout le charme réside dans le fait qu’il ne nous est pas livré une partie de la vie des personnages qui se déroulerait en laps de temps relativement réduit mais bien toute leur existence, leur évolution souvent par étapes car l’auteur introduit des sauts temporels allant d’une année à une décennie.
Les piliers de la terre
Vous êtes-vous déjà demandé·e, ce que cela ferait de vivre au Moyen Âge ? Vous êtes-vous tout simplement interrogé·e sur votre représentation du Moyen Âge ? Des châteaux forts ? De vagues souvenirs de collège où votre professeur·e essayait tant bien que mal de passionner une bande d’ados endormis à 8h00 du matin un lundi, sur les vie des paysan·ne·s ? Ou encore, vous êtes-vous déjà arrêté·e devant une église en vous demandant comment des hommes qui n’avaient pas les techniques modernes d’aujourd’hui, avez pu construire de tels édifices ? Qu’est-ce qui avait pu pousser des hommes et des femmes à bâtir des bâtiments de taille si démesurée ? Ken Follet en apporte quelques indices.
C’est l’histoire aussi d’évènements bien réels qui ont forgé des mythes
On ne peut résumer ce livre tant il est complexe, alors je me contenterai de vous indiquer qu’il s’agit de l’histoire de Tom le Bâtisseur qui cherche désespérément à construire une cathédrale et nourrir sa famille, de l’honnête prieur Philips animé d’une détermination sans faille pour insuffler du dynamisme à une ville tombée en décrépitude, de Jack, un homme intelligent et têtu, d’Aliena qui a vécu le pire mais aussi l’histoire de personnages plus sombres comme Waleran Bigod, évêque manipulateur qui use de la religion pour parvenir ses fins ou de William Hamleigh, caricature malheureuse du chevalier barbare. C’est l’histoire aussi d’évènements bien réels qui ont forgé des mythes : l’assassinat de l’archevêque de Canterburry, Thomas Becket. Par l’intermédiaire de tous ces personnages, l’auteur nous immerge dans la ville anglaise de Kingsbridge au XIIe siècle, ville qui servira de pont entre les différents tomes, dans un univers de violence, de misère, de manipulation mais aussi de mysticisme où des hommes ont voués leur vie à Dieu par la prière ou la construction de cathédrales.
Un monde sans fin
Le livre reprend l’histoire au XIVe siècle : les protagonistes sont les descendant·e·s lointain·e·s de ceux du premier tome : les prénoms ont changé mais la structure reste la même : mêmes histoires d’amour impossibles, même rancœur, même cupidité de la part de certains et même bravoure de la part d’autres, même omnipotence de la religion et de l’Église. Le contexte a changé, la faim, la misère et la cruauté des seigneurs sont toujours des fléaux mais y est rajouté un ingrédient : la peste. La peste qui a tout ravagé sur son passage : la peste noire, celle qui a tué un tiers de la population européenne. Y sont rajoutés également les procès en sorcellerie en Angleterre.
Une colonne de feu
Je dois bien l’avouer, j’avais peur d’être déçue par le troisième tome : le deuxième était selon moi une répétition (qui se lit avec délice, entendons-nous bien là-dessus) du premier. Alors un troisième livre, je n’osais imaginer. Mais à mon plus grand bonheur (et surprise), Une colonne de feu fait un bond dans le temps et nous fait traverser toute une période : du Moyen Âge, nous passons à l’Époque Moderne, au temps des guerres de religions où catholicisme et protestantisme s’affrontent, où entre les partisan·e·s de la tolérance et ceux qui ne souffrent d’autres religions que la leur se livrent une lutte sans merci. Les personnages fictifs, tel que l’espion Ned Willard, se mêlent avec plus de vigueur aux personnages réels tel le Duc de Guise que dans les tomes précédents, pour arriver au début du XVIIe siècle, quand les esprits se sont calmés, le temps de souffler avant que le désaccord religieux ne replonge l’Europe dans la guerre de Trente Ans. Ainsi, que vous soyez amateur·trice ou non d’histoire médiévale et moderne, cette trilogie est parfaite pour celles et ceux qui souhaitent s’embarquer pour un long voyage dans le temps, découvrir des mœurs et coutumes de populations qui nous ont précédé·e·s, redécouvrir des faits historiques : des souverain·e·s, batailles, massacres, épidémies laissés dans nos cahiers d’école ou simplement celleux qui veulent vibrer au rythme des aventures, histoires d’amour des personnages, déceptions et espoirs.