Au cœur de la Renaissance italienne

Par Solenn Amet
Illustration: La belle Simonetta, Sandro Botticelli
Publié le 25 novembre 2021

Le musée Jacquemart-André à Paris vous ouvre ses portes et vous plonge dans l’univers du peintre italien de la Renaissance italienne, Sandro Botticelli. Une quarantaine d’œuvres telle que La belle Simonetta, accompagnées de peintures réalisées par ses contemporains, y sont exposées depuis le 10 septembre 2021 et jusqu’au 24 janvier 2022.

Sandro Botticelli, génie de la Renaissance italienne, est l’un des peintres les plus connus de cette période. Cette exposition met en avant la pratique d’atelier. L’atelier, dit bottega, est plus ou moins structuré en fonction de sa taille et répond à une hiérarchie précise : un maître sous l’autorité duquel s’activent des assistants- peintres. Ceux-ci sont chargés de réaliser une partie des œuvres. C’est en effet, dans ces ateliers que les apprentis apprennent le métier de peintre.  Cette pratique est typique de la Renaissance italienne et présente Botticelli dans son rôle de créateur, mais également d’entrepreneur et de formateur. Ainsi, l’exposition suit un ordre chronologique et thématique en illustrant le développement stylistique de l’artiste, les liens qui unissent son œuvre et la culture de son époque et évoque également son influence sur ses contemporains du Quattrocento (XVe siècle).

La renaissance de l’art

La Renaissance italienne est une révolution artistique à la fois esthétique mais aussi sociale grâce à l’évolution de la reconnaissance des artistes et de leur statut. En effet, la Renaissance italienne va, petit à petit, remettre en question les réalisations du Moyen Âge et renouveler complètement le métier d’artiste, agissant ainsi comme une rupture avec les siècles précédents.

Il mettra son travail et son intellect au service des Médicis pendant plus de deux décennies, ce qui lui permettra de peaufiner sa technique des portraits

Il est vrai que la Renaissance italienne prône la volonté de faire renaître une époque passée : l’Antiquité, alors considérée comme un modèle de perfection. Cette modernité naît en Italie au XIVe siècle et se diffuse partout en Europe jusqu’au XVIIIe siècle. Cette période connaît de nombreuses révolutions artistiques grâce au développement de la perspective, du système des proportions, de l’imitation de la nature (mimésis) ainsi que de nombreux mouvements artistiques tel que l’humanisme ou le néoplatonisme médicéen. De nombreuses écoles vont ainsi se développer en Italie mais aussi partout en Europe et définir leur propre style artistique.

Un génie de son époque

Sandro Botticelli (1445-1510), de son vrai nom Alessandro Filipepi, est remarquable par sa technique et ses illustrations. En effet, sa peinture met en avant la beauté idéale dont parlaient les Néo-platoniciens, mais évoque également une forte subjectivité. L’emploi de couleurs délicates et brillantes, ainsi que son goût pour la netteté des contours, s’inspirent de son maître Filippo Lippi, lors de sa première formation, également mise en valeur dans la première salle de l’exposition. Cependant, les œuvres d’autres artistes, tel que Verrocchio, participeront à la formation de son esthétique. Il mettra son travail et son intellect au service des Médicis pendant plus de deux décennies, ce qui lui permettra de peaufiner sa technique notamment celle des portraits. Cet artiste alternera alors création unique et production en série.

Ses œuvres seront marquées par le mélange entre iconographie religieuse et iconographie païenne, mythologique, au travers desquelles il définira un idéal de beauté féminine mélancolique, observable notamment dans La naissance de Vénus, La belle Simonetta ou encore dans les nombreuses productions représentant Vénus. Ses œuvres incarneront la synthèse entre le mythe antique et la philosophie poétique des humanistes florentins, même si un réel questionnement esthétique apparaît dans ses peintures vers les années 1480, époque où le moine Savonarole met en place sa dictature morale sur le Conseil. En effet, Savonarole chasse les Médicis du pouvoir et instaure une dictature théocratique dite « république chrétienne et religieuse » et met également en place un Grand conseil, la plus haute instance de souveraineté. Cette politique va ainsi restreindre et soumettre une police des mœurs  notamment sur l’art, entraînant des modifications dans la conception d’œuvres. Les créations alors critiquées de corruption intellectuelle (nus peints, images licencieuses, livres non religieux…) seront brûlées lors des buchers des Vanités.

Ainsi, les formes autrefois harmonieuses et élancées de Botticelli se tassent et les beautés mélancoliques se voilent de pudeur. Ses dernières années sont ainsi marquées par une importance plus grande de son atelier ; lieu où les artistes pensent, forment, innovent, et créent.

Sources  https://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/botticelli
L’art de la renaissance, Gérard Legrand, Larousse

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